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Les vertus cardinales

Chaque lundi, les jeunes de Out of the box se retrouvent en table ronde pour un moment de discussion. A cette occasion, Diane Hennebert aborde des questions philosophiques à partir d’un concept. Le lundi 22 janvier 2016, la discussion portait sur le thème des « Les vertus cardinales ».

Qu’est-ce qu’une vertu ? Qu’est-ce qu’une chose, un acte ou un homme vertueux ?

Dans le langage courant, une vertu désigne une qualité.

Exemple : les vertus aphrodisiaques du gingembre…

Dans le langage philosophique ou religieux, une vertu désigne une qualité morale.

Parmi ces vertus figurent les vertus cardinales qui sont la tempérance, la prudence, le courage et la justice.

Une question se pose d’emblée : pourquoi parle-t-on nécessairement de vertu lorsqu’il s’agit de la prudence et du courage ?

En effet, on peut considérer un criminel comme courageux…

Un homme très prudent peut être considéré comme un lâche…

 

Certains philosophes ont donc décidé d’appeler vertu une qualité qui est par essence profitable à autrui. Par ailleurs, on s’accorde à considérer que la notion de vertu suppose toujours un mérite ou un don de soi.

Exemple : Quel mérite aurait un prudent d’être prudent ?

Autre chose : Comment évaluer le caractère vertueux d’un acte ou d’une personne ? Quel est le mobile réel d’une action censée être vertueuse ?

Exemple : pour les Chrétiens du Moyen Age, être charitable pour avoir la garantie d’aller au paradis, n’est pas un acte désintéressé mais est profitable à autrui.

Faut-il renoncer à appeler vertueux un homme qui commettrait un acte vertueux par intérêt personnel ?

 

Un peu d’histoire

 

Les premiers écrits sur les vertus humaines datent de la Grèce ancienne.

Platon (427-348 avant JC) parle déjà de quatre vertus principales : la sagesse, le courage, la tempérance, la justice.

Voici comment il les présente :

La sagesse et la connaissance sont proches. Etre sage, c’est être de bon conseil et c’est la connaissance qui permet d’être de bon conseil.

Le courage n’est nécessaire qu’à ceux qui servent l’Etat et qui défendent la cité.

La tempérance doit être partagée par tous puisque c’est cette vertu qui maîtrise les passions.

La justice, la vertu la plus difficile à observer, est la condition des trois autres. Elle est considérée comme la plus haute des vertus par Platon.

 

Selon Aristote, les vertus principales consistent à trouver  un « juste milieu » et peuvent être définies en vertus intellectuelles  (sagesse, intelligence, prudence) et en vertus pratiques.

Voici comment il les définit : « La vertu est essentiellement ce dans et par quoi l’homme se rend supérieur à son destin, grâce à la maitrise de ses passions et à l’exploitation de ses possibilités d’action ».

Exemple : le courage est le juste milieu entre la peur et la témérité ; la tempérance est le juste milieu par excellence. Si toutes les vertus se définissent pas le juste milieu, elles deviennent donc des formes de prudence.

C’est au IVe siècle que Saint-Amboise est le premier auteur chrétien à parler de vertus cardinales.

Il les appelle cardinales (du latin « cardo » qui veut dire gond), car c’est autour des vertus de tempérance, de justice, de prudence et de force (courage) que pivotent toutes les autres vertus.

Dans la plupart des œuvres d’art classiques, les vertus cardinales sont représentées par des femmes avec les attributs suivants :

La prudence : miroir et serpent

La tempérance : deux récipients d’eau passant de l’un à l’autre

La justice : la balance ou l’épée

La force (courage) : le glaive ou la couronne

On peut les observer, par exemple, sur le portail central de l’Hôtel de Ville de Bruxelles.

Pourquoi parlez aujourd’hui des vertus cardinales ?

Vous avez compris que ces qualités morales cherchent toujours l’équilibre, le juste milieu (Aristote). Cet équilibre définit autant la tempérance que la justice et ces deux vertus déterminent les autres. Cela nous renvoie à la notion du temps : on pourrait dire ainsi qu’un acte vertueux serait un acte opportun : faire la bonne chose au bon moment (« just in time » !)

Selon cette conception des vertus, l’opportunisme serait alors une preuve de qualité et de maîtrise. Or, l’opportunisme est aujourd’hui souvent considéré comme un défaut…Même chose pour l’ambition.  Vouloir s’élever est parfois considéré négativement. Quelle erreur !!!

 

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